Ce matin, la maîtresse nous a fait faire un exercice que je déteste encore plus que les épinards de Maman : on va lire à haute voix chacun son tour.

La maîtresse nous dit : « Josué, tu vas commencer, et puis chacun votre tour, vous lirez une phrase. »

Et là, j'ai tout de suite senti que je n'aurais pas dû manger ma troisième tartine au chocolat ce matin, parce que mon ventre m'a fait très mal, comme si j'allais rendre tout mon petit-déjeuner.

En faisant un gros effort pour regarder le livre, j'ai vu un super truc, une toute petite phrase, seulement deux mots. Je m'imaginais déjà sauvé, si c'est moi qui tombe dessus, ça sera super facile.

Pendant ce temps, Josué avait lu sa phrase, et puis Fanny qui est super forte en lecture, et je regardais les copains et les copines qui restaient avant moi et ma petite phrase.

Ouille ouille, l'horreur. J'avais mal compté, et c'est mon copain Hector qui allait lire MA toute petite phrase. C'est pas juste, elle était pour moi cette phrase, j'étais en colère contre Hector, ce serait trop facile pour lui.

Il faut vous dire qu'Hector, il est comme moi, il déteste lire. En le regardant, j'ai vu qu'il avait un super grand sourire. Ha, il avait bien vu que c'était lui qui aurait MA toute petite phrase parce qu'il avait compté comme moi.

Et moi, j'avais la phrase juste avant, celle qui est SUPER longue. Une horreur quoi.

Soudain, mon deuxième bol de chocolat du matin est remonté. Tellement vite que je n'ai rien pu faire. Bon, d'accord, j'étais très content de ne rien pouvoir faire, parce que la maîtresse a bien été obligée de m'envoyer à l'infirmerie de l'école.

Quand j'ai quitté la classe, la tête basse mais avec un grand sourire tout au fond de moi, j'ai vu le regard d'Hector. Il me lançait des tonnes de flèches enflammées. La SUPER grande phrase, c'était pour lui !

Voilà comment j'ai échappé à l'horreur de la lecture, j'avais gagné...